Du bivouac du Col de Figuer au coll de Porteils

En ce samedi 7 août 2010, nous ouvrons les yeux à 5h30. L'air est frais, le ciel est chargé et l'atmosphère semble pesante. Nous ne sommes pas particulièrement pressés car notre programme du jour ne prévoit que 600 mètres de montée. Alors que nous levons le camp, quelques fines gouttes commencent à tomber, ravivant en nous le souvenir de cette journée mémorable à Arles-sur-Tech où le ciel s'était littéralement déchaîné sur nous. Une légère pluie fine et discrète s'invite pour notre départ. Le paysage est sombre et le panorama invisible. C'est donc avec un moral plutôt bas que nous atteignons sans grand effort le Col de Portells, qui nous apparaît presque plat.

De la descente du Col de Portells au Col del Priorat

Nous voici lancés dans la vaste descente en direction du Perthus. Les ponchos sont désormais rangés, la pluie ayant fait place à un vent frais qui nous saisit de plein fouet. Bien que le trajet emprunte une longue et large piste, la descente s'avère être plutôt agréable, malgré une impression de longueur. Le chemin nous réserve quelques surprises avec la présence de thym, de fenouil, et de chênes-lièges au bord de la route. Il ne fait aucun doute que la Méditerranée n'est plus très loin. En arrivant au Col del Priorat, nous traversons un site riche en vestiges romains antiques. À proximité, dominant majestueusement la ville, se dresse le Fort de Bellegarde, construit par Vauban, un témoignage éloquent de l'importance stratégique de ce lieu, l'un des rares grands axes de communication traversant la chaîne des Pyrénées entre la France et l'Espagne.

du Col de Priorat au Perthus

Ce n'est qu'en atteignant les périphéries du Perthus que nous retrouvons l'agitation humaine. Nous sommes soudain immergés dans le tourbillon de la ville, au milieu des touristes, des commerçants, à la frontière où l'alcool et l'essence affichent des prix défiant toute concurrence. Il suffit de cela pour attirer une foule avide, révélant ainsi toute la folie des hommes dans leur quête incessante de bonnes affaires.

Du Perthus à St Martin de l’Albère

Le temps d’acheter deux chocolatines et nous voilà quittant rapidement la ville. Un peu l’écart sur les hauteurs du Perthus, nous nous arrêtons le temps de déguster au calme nos viennoiseries. C’est lors de cette pause en regardant une fourmilière que nous prenons conscience du parallèle existant entre les insectes et l’humanité. Les fournis mettant autant d’énergie à récupérer les mies de chocolatines que les hommes à les produire. La longue montée vers le petit village de saint Martin d’Albère est très longue, le temps est voilé et notre principale activité outre la marche est le ramassage de mures. Parfois le sentier nous donne l’occasion de découvrir de jolis panoramas, mais il faut se rendre à l’évidence, le plus beau est derrière nous.

De Saint Martin d’Albère au Col de l’Ullat

Suite à notre pause déjeuner à deux pas de Saint Martin, nous reprenons notre périple en débutant la montée s’étendant jusqu'au Col de l’Ullat. Le temps est clément, bien que des nuages viennent occasionnellement ternir le ciel. Le chemin menant au col est fort agréable, serpentant au milieu d’une forêt de conifères typiquement méditerranéenne. Arrivés au Col de l’Ullat, nous sommes accueillis par une affluence de touristes venus en famille pour apprécier un verre et une balade dans la magnifique forêt de pins maritimes qui s'étend au nord. Toutefois, le vent nous incite à ne pas nous attarder et à reprendre rapidement notre route, laissant derrière nous cet endroit venteux.

du Col de l’Ullat au Puig Neulos

À mesure que nous avançons vers le Puig Neulos, la présence de la Méditerranée se fait de plus en plus tangible. Nous surplombons ce vaste étendue d'eau, elle est là, à portée de main, s’offrant magnifiquement à notre vue. L’idée que notre fabuleuse épopée touche à sa fin dès demain commence à germer dans nos esprits. Au sommet du Puig Neulos, un colossal émetteur de télévision trône fièrement, tel un phare guidant les ondes à travers la région. Il nous rappelle l'émetteur de La Rhune, situé à l'autre extrémité du chemin, au Pays Basque. Bien que nous l’ayons quitté il y a bien longtemps, il semble à la fois lointain et étrangement proche.

Du Puig Neulos à notre dernier bivouac

À un peu moins de 200 mètres en dessous du Puig Neulos, nous dénichons le lieu parfait pour établir notre ultime bivouac sur le GR10. Un véritable petit coin de paradis, équivalent à un "bivouac trois étoiles" : du bois en abondance pour le feu, une source d'eau claire à proximité et des arbres offrant une ombre apaisante. Nous y allumons un feu généreux, créant une bulle de chaleur et de convivialité dans la fraîcheur ambiante. Nous profitons pleinement de cet instant, conscients et mélancoliques que ce soir marque la fin de nos nuits à la belle étoile durant cette traversée. Demain, Banyuls et la fin officielle de notre périple nous attendent, mais ce soir, c'est l'occasion de célébrer notre dernier bivouac, de revivre les moments forts de notre aventure et de profiter de la sérénité de la montagne.