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La chaussure à cinq doigts ou "Fivefingershoes" sur le GR10, possible ou pas ? De nombreux randonneurs souhaitant vivre une expérience nouvelle se posent la question de savoir si oui ou non il est possible de partir sac au dos et chaussures à cinq doigts (ou Fivefingershoes) aux pieds. La question est complexe et demande une analyse et une réflexion poussées. A ce jour, très peu de personnes nous ont fait part de leur retour d’expérience de marche en chaussures à cinq doigts sur le GR10. Béatrice nous livre ici son témoignage et son analyse complète. Béatrice a commencé le GR10 il y a 5 ans. Chaque année, elle en parcourt une portion nouvelle. Béatrice pratique en outre la course à pied régulièrement depuis plus de cinq ans. C'est une adepte convaincue de la chaussure à cinq doigts et elle en possède maintenant une bonne expérience avec plusieurs années de recul. La grande question qui se pose est donc de savoir s’il est possible, oui ou non de se lancer dans l'aventure du GR10 en chaussures minimalistes. Selon Béatrice, la réponse est "oui, mais... il faut réapprendre à marcher". |
Différences techniques entre les chaussures à cinq doigts et les traditionnelles Avant de poursuivre notre analyse, il y a lieu de bien comprendre les différences fondamentales existant entre une chaussure normale et une chaussure à cinq doigts. Inutile de vous faire un dessin, la différence de conception entre une chaussure de marche et une chaussure à cinq doigts est flagrante. Concernant la chaussure minimaliste, chaque doigt de pied possède son propre compartiment. Sa semelle se résume à une simple couche isolante assez épaisse toutefois pour éviter les coupures ou autres blessures de peau, suffisamment fine cependant pour qu’on sente ce qu’on a sous les pieds, mais sans ne souffrir. Enfin ce chausson ne possède pas de structure renforcée au niveau de la cheville comme celles des gros godillots de marche. |
Ce qui change au niveau de l'anatomie du pied L'indépendance des doigts de pied caractéristique des chaussures à cinq doigts permet à l'ensemble des orteils de retrouver une vraie autonomie et surtout une plus grande liberté de mouvement les uns par rapport aux autres. L'absence de semelle rigide permet au pied de développer un déroulé complet et naturel sur le sol. Les orteils retrouvent leurs pleines capacités d'appuis. Le pied se libère et redevient "intelligent". Les terminaisons nerveuses sensorielles situées sur la surface plantaire du pied sont largement plus sollicitées et la proprioception globale du pied s'en retrouve améliorée. Au début, la sensation d'isolement des orteils est assez étrange mais en l'acceptant, le marcheur finit par la supporter sans problème avant de l'oublier complètement. Enfin, le pied est en permanence "massé" naturellement par le sol, il se muscle et la cheville n’est plus sujette à la torsion puisqu’elle travaille en harmonie constante avec le pied dans la recherche de l’équilibre. |
Ce qui change au niveau de la posture et du cerveau De par sa conception, la chaussure à cinq doigts ne possède aucun amorti, elle impose donc à l’ensemble du corps une participation directe à l'amortissement de la marche ou de la course à pied. Le corps aura tendance à être plus en avant par rapport à son centre de gravité. Le chausson qui rend le pied beaucoup plus vulnérable oblige le marcheur à une plus grande attention. Au niveau cérébral cela se traduit par une vraie prise de conscience de l'intégralité de sa limite corporelle qui est ainsi repoussée jusqu'au bout de ses orteils. Enfin, le regard du marcheur change, il est plus concentré sur le chemin et il participe pleinement au processus de marche qui devient légèrement plus lent. Le corps adopte un nouveau "dialogue" avec la terre. Cela donne une marche plus intuitive que Béatrice compare volontiers à celle des chats. |
Ce qui change au niveau de la sécurité La chaussure minimaliste possède une semelle avec un très bon grip (semelle Vibram) qui lui donne une très bonne adhésion sur tous types de sols, même sur des sols réputés glissants tels que des pentes herbeuses mouillées, des rochers mouillés, etc. Cependant, elle ne protège pas le pied des agressions extérieures telles que les chutes de pierres et les impacts contre des obstacles divers et variés. Elle ne protège pas non plus le pied du froid, le dessus de la chaussure étant en tissu. Enfin elle se révèle glissante sur la neige (traversée de névé). |
Une phase d'adaptation obligatoire Compte tenu des caractéristiques très particulières de la chaussure à cinq doigts, son utilisateur devra passer obligatoirement par une phase d'adaptation progressive le temps de (re)trouver une marche naturelle : proprioception de ses pieds, position de sa posture globale et adaptation cérébrale. Les fabricants fournissent généralement une notice d'emploi et de conseil avec leurs produits. |
Une nouvelle harmonie entre le marcheur et la nature Le corps et l'esprit du marcheur sont plus en phase avec la nature. Le marcheur se sent bien plus immergé dans son environnement car il le perçoit depuis la plante des pieds jusqu’à la tête. La nature du terrain (terre, pente herbeuse, rochers, etc.) est ressentie avec intensité et ses variations sont appréciées. L'ensemble du corps trouve une harmonie nouvelle dans cette marche plus naturelle. Il est cependant regrettable que la marche sur sols artificiels (routes ou pistes forestières caillouteuses) soit toutefois ennuyeuse voire pénible et les sensations engendrées plutôt désagréables. |
Avertissement avant de vous lancer dans la grande traversée en chaussure à cinq doigts - passer par une phase progressive d'adaptation corporelle et cérébrale (le footing peut être une bonne initiation, même sur sol plat) - s'assurer que vous ne progresserez pas sur des surfaces glissantes et/ou enneigées (danger des névés), - proscrire totalement son utilisation en montagne par temps froid en hiver. |