Village d'Estérençuby

Nous prenons congé d'Estérençuby aux premières lueurs de l'aube, à 7h00 précises. Le carillon de l'église égrène ses notes mélodieuses dans l'atmosphère encore empreinte de la pénombre matinale. Le ciel affiche une teinte grisâtre, mais la température reste agréable. Animés par une énergie contagieuse et une bonne humeur inébranlable, nous entamons notre journée avec un pas résolu.

de Estérençuby au massif d'Heguieder

Nous suivons une étroite route asphaltée, peu confortable pour nos pieds déjà sollicités. Néanmoins, la pente menant au modeste massif d'Héguieder, culminant à 850 mètres, se révèle relativement clémente. Nous parvenons donc à en venir à bout sans trop de difficulté. Le ciel, couvert d'un voile gris, limite la visibilité et une brume persistante nous prive de panoramas étendus.

"On est où là?"

du massif d'Héguieder aux Bordes D'Intzarrazquy

Une fois le sommet du massif d'Héguieder dépassé, nous entamons notre descente vers une vallée encaissée qui se révèle être un havre de paix parfait pour le bivouac. Le site est isolé, sans la moindre habitation en vue, et offre tout ce dont un randonneur pourrait rêver : des étendues de terrain plat, une source d'eau fraîche, et amplement de bois pour allumer un feu revigorant.

"Ici nous entrons en Soule : 3èmè province du Pays Basque"

des Bordes D'Intzarrazquy au Col d'Irau

Là, l'aventure prend un tournant intense. Le sentier nous fait grimper de 650 m à 1 000 m d'altitude sur une distance de moins de 1,5 km. La pente s'aiguise dramatiquement; le chemin devient plus ardu, comme en témoignent les courbes de niveau rapprochées sur notre carte topographique. Alors que les nuages commencent à se disperser, nous accueillons les premiers rayons de soleil avec des visages en sueur et le souffle haletant. Une pause à mi-pente nous offre l'opportunité de reprendre notre souffle et de regagner notre énergie.

Nous parvenons enfin au Col d'Irau sous un ciel éclatant, ponctué de nuages épars. Des brebis aux têtes noires nous observent avec des regards mêlant perplexité et inquiétude. D'autres, plus farouches, s'enfuient à notre approche mais font une halte, même que pour une demi-seconde, pour grignoter un brin d'herbe avant de reprendre leur course effrénée. Leur comportement semble presque comique : "Je fuis, je mange, je fuis, je mange, je fuis..."

"Méditation...."

   

"trop bonne cette herbe!"

"Méditation?!!...."

du Col d'Irau aux sommets d'Occabe

La grimpée vers le sommet d'Occabe s'avère tout aussi exigeante que celle menant au col d'Irau. Cependant, à mesure que nous progressons en altitude, nous traversons les couches nuageuses pour finalement les surplomber. La récompense de cette ascension ardue se dévoile alors : un sublime panorama constitué d'une mer de nuages, un spectacle à couper le souffle.

Chaque pas dans cette montée semble peser de plus en plus lourd et l'eau se fait rare, nous forçant à rationner notre consommation. Epuisés mais émerveillés, nous atteignons le sommet d'Occabe à 12h30, et la faim se fait violemment ressentir. Il est grand temps de nous restaurer, et quel meilleur endroit pour le faire que ce paysage digne d'une carte postale?

"Au loin Iraty"

"plein le dos"

"mer de nuage lointaine"

des Sommets d'Occabe à Iraty-Cize

Après deux heures consacrées à un déjeuner bien mérité, nous reprenons notre périple en entamant une longue descente vers Iraty-Cize. Très rapidement, nous pénétrons dans une forêt de hêtres d'une beauté saisissante, la plus grande d'Europe, qui plus est ! Dans ce cadre enchanteur, le sentiment de dépaysement est total. Nos sens émerveillés par l'environnement alentour nous font presque oublier la rigueur de la descente et l'étendue du chemin qui nous reste à parcourir.

Finalement, nous atteignons Iraty-Cize en milieu d'après-midi. Après avoir rempli nos gourdes d'eau, nous nous offrons le luxe d'une pause bienvenue à la terrasse d'un petit bar, où nous savourons une bière pression. Dans ces instants de quiétude, nous réalisons à quel point nous sommes privilégiés de vivre une telle aventure au cœur de la nature.

"La plus grande forêt de Hêtres..."

"... d'Europe"

"A votre santé!"

d'Iraty-Cize aux Lacs d'Iraty

Après ce moment de répit, il est temps de retourner à la réalité; notre journée n'est pas encore terminée. Deux kilomètres et un dénivelé de 200 mètres nous séparent encore de notre site de bivouac. La chaleur de l'après-midi commence à peser sur nous, érodant notre énergie. Les pauses pour se désaltérer deviennent de plus en plus fréquentes, comme des petites oasis sur notre chemin. Mais malgré l'épuisement, le but est en vue, et cette pensée nous donne la force nécessaire pour poursuivre.

"lac d'Iraty"

"Cayolar"

Bivouac aux Lacs d'Iraty

Nous parvenons enfin aux Lacs d'Iraty et, à notre grande satisfaction, découvrons un site de bivouac digne d'un quatre étoiles. Niché sur un sentier boisé le long d'un ruisseau et situé entre les deux lacs, cet emplacement hors des sentiers balisés du GR10 est une véritable trouvaille.

À la tombée de la nuit, le ciel s'éclaircit, nous offrant une obscurité profonde et un panorama céleste spectaculaire. Étoiles, Voie lactée et autres constellations scintillent au-dessus de nous, comme pour nous récompenser de l'énergie dépensée. C'est un moment de pure contemplation qui s'offre à nous, à l'écart du monde et en parfaite harmonie avec la nature environnante.

Cette nuit s'annonce réparatrice et douce, une conclusion parfaite à une journée riche en émotions et en efforts. Nous savourons ce moment, conscients de la rareté et de la beauté de l'expérience qui nous est donnée de vivre.

"l'endroit devrait faire l'affaire!!"

"Lieu discret juste à coté du lac"

"Bivouac 4 étoiles pour les champions du monde de randonnée!!"