GR10.fr - La grande traversée des Pyrénées

La grande aventure de la traversée des Pyrénées via le gr10, vous en aviez rêvé? Alors, faites-le! Ce site vous aidera à préparer votre itinéraire, matériel et alimentation. Il contient également le récit complet des 41 jours de marche de Eric et Nicolas.

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Du bivouac de l’Orri à la cabane d’Aixeques

Lundi 2 août 2010, nous quittons notre bivouac à 6h10 alors que le jour ne s’est pas encore levé. Nous savons que dans l’après midi les orages vont se généraliser sur l’ensemble du massif. Nous devons impérativement arriver à Mantet pour tenir notre plan de marche. Le bivouac de Mantet est encore loin. Ce n’est vraiment pas gagné. Au programme de la journée, deux cols à franchir. Nous risquons d’être très justes. Dans la nuit, nous nous mettons en route sans attendre et filons d’un pas décidé et rapide vers nos objectifs.

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De la cabane d’Aixeques au Col Mitja

Première difficulté de la journée, le Col Mitja avec un dénivelé de plus de 800m. Très rapidement, les jambes sont mises à rude épreuve.  Nous gérons nous efforts et progressons assurément. Le temps est frais mais chargé en humidité et de nombreux nuages bien gris, nous cachent le soleil matinal. Il y a une certaine lourdeur dans l’air. Nous le sentons bien, des forces thermiques se sont mises en œuvre pour nous gâcher la journée!

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Au col Mitja

A notre arrivée au col, le moral remonte peu à peu en découvrant l’horizon sud. Il semblerait que le temps soit plus stable que ce que nous pensions lors de l’ascension. Cependant, il ne fait aucun doute que les orages vont éclater tôt ou tard. Lorsque les rayons du soleil arrivent à percer les nuages, nous ressentons immédiatement leurs brûlures. Il y a trop de contrastes, tout finira pas s’équilibrer.

       

 

Du col Mitja au refuge du Ras de la Carançà

Une très difficile et très technique descente vers le refuge de la Carança est avalée en moins d’une heure. Nous avançons rapidement et sommes bien décidés à passer le col del Pal avant la pause déjeuner. Au refuge, nous croisons un homme hirsute qui nous lance un léger bonjour avant de rentrer dans l’abri. Nous n’avons pas envie de visiter les lieux. Le temps de manger notre barre énergétique et nous voilà déjà sur le départ. Nous sommes prêts pour affronter le second col de la journée, le col del Pal.

 
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Du refuge de la Carança au Col del Pal

A quelques dizaines de mètres de la cabane, nous surprenons deux chevaux en train de ravager une tente que d’imprudents randonneurs n’ont pas démonté. De retour de leur randonnée, ils auront la mauvaise surprise de constater que de la tente il ne restera qu’un amas informe de tissus. Nous tentons sans trop d’illusion d’éloigner les intrus, mais ils reviendront à la charge dès que nous aurons le dos tourné! Nous passons notre chemin.
La montée vers le col del Pal est verdoyante, variée et très agréable, de jasses en sous bois, en passant par quelques pierriers nous progressons tranquillement dans une nature belle et sauvage.  Il fait chaud, trop chaud ou plutôt trop lourd. Au loin, de sombres nuages gris ne nous disent rien qui vaille. La progression finale vers le col est interminablement longue. Nous sommes fatigués commençons à avoir faim. La rencontre de cavaliers émérites dans des pentes raides nous laisse pantois. Finalement, depuis le début de cette traversée, nous réalisons que c’est la première fois que nous croisons un tel équipage. Nous restons admiratifs devant la force que peut dégager un cheval sur de tels terrains. Un peu plus loin, nous croisons une femme d’age avancé, lourdement chargée, le visage sec, qui nous fait l’apologie du jeûne en randonnée. Elle semble débarquer d’une autre planète. Impossible pour nous de ne pas nous alimenter correctement dans de telles conditions. Nous repartons sans être étonné que parfois, des randonneurs sont retrouvés morts par imprudence ou par manque de… nourriture!

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Au col del Pal

Un troupeau de vache nous accueille au col en nous faisant une sorte de haie d’honneur. Le relief est très doux et très agréable. Le temps est encore stable. Nous décidons de nous poser là pour notre pause repas et sieste! Au bout d’une heure de repos, de calme et de bien être, nous sentons le vrai changement de temps arriver brutalement. De sombres et menaçants nuages s’accumulent très rapidement au sud sur les sommets espagnols. Nous déguerpissons de là, vite fait bien fait. En cours de chemin, nous croisons un groupe de jeunes randonneurs, tranquillement installés à flanc de montagne. Trop inquiets par ce brusque changement de temps, nous ne nous arrêtons pas. Encore des randonneurs imprudents qui vont se prendre une bonne saucée sous l’orage. Notre descente vers le refuge de l’Alemany se fait au pas de charge.

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Du col del Pal au refuge de l’Alemany

La descente est très rude, un véritable mur se présente sous nos jambes. Nous prenons sur nous. Il faut arriver avant l’orage. Les nuages se chargent encore et encore vers le sud. A notre arrivée à la cabane, nous nous sentons soulagés. L’endroit est accueillant et très agréable. Il y a là un jeune qui se repose. Une famille hollandaise, nous propose très gentiment un biscuit. Nous décidons de faire une longue pause de plus de vingt minutes.

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Du refuge de l’Alemany au bivouac de Mantet

Encore 500m de dénivelé négatif avant d’arriver sur notre lieu de bivouac à Mantet. Parfois de sourds grondements se font entendre au loin. Le ciel est chargé. Notre impression de pouvoir fuir l’orage est très vite balayée lorsque de toutes parts les nuages noirs nous encerclent.

 
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Au bivouac de Mantet

Nous arrivons sous une épaisse et grasse averse orageuse sur notre lieu de bivouac. Malheureusement, nous constatons que la place est occupée par de nombreuses tentes. L’endroit ne nous plait pas du tout ! Ces tentes ne sont pas des tentes de randonneurs. Les occupants ne sont visiblement pas en clin à se lier d’amitié avec nous. Les regards échangés ne nous disent rien qui vaillent. Nous avons à faire à des marginaux. Nous nous mettons donc en quête d’une autre place. Nous la trouverons quelques centaines de mètres plus loin vraiment à l’abri et au calme sur un petit promontoire qui, si il se met à pleuvoir, nous évitera l’inondation. Le temps de monter la tente, ranger nos affaires que l’inévitable se produit ! L’orage éclate très violemment, nous nous réfugions sous la tente. Pendant plus de 1heure et demie, un véritable déluge s’abat sur nous. Heureusement que la toile est de très bonne qualité ! Le plus éprouvant c’est d’entendre les craquements terribles de la foudre qui ça et là impactent le sol. Nous nous sentons comme des cibles potentielles en danger, notre destin entre les mains du hasard rien de plus. Cet orage nous semble interminablement long et éprouvant. Enfin, l’orage se calme, nous reprenons le cours normal de notre vie en ayant la sensation de l’avoir mise entre guillemet pendant un temps. Après la toilette, le repas pris auprès d’un feu inespéré et magnifique, nous plongeons dans nos duvets en nous disant que nous avons passé le pire sauf que… le pire est devant nous. Dans de sourds roulements de tambours un autre orage encore plus violent revient finir le travail du premier. Avec la nuit, nous avons maintenant le son et l’image! La pluie, le vent, la foudre, tous se sont accordés pour nous pousser au bout de notre stress. Nous sommes tellement fatigués que finalement le sommeil viendra nous arracher aux éléments.

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