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Brumes de Montagne
"Un grand voile de brume est venu nous isoler du monde. Maintenant, on pourrait être n'importe où, mais qu'importe là où ailleurs, pourvu que ce soit en montagne.
Peu à peu tout se fond et s'entr'ouvrent les portes du souvenir.
Tiens ! Revoilà mon enfance, si loin, si près... Cauterets, où ma mère soigne son asthme. Mes premières randonnées, les cascades de La Raillère et du Lutour. Puis celle du Pont d'Espagne, qui irise de lumière le départ du Marcadau, là bas dans mes chères Pyrénées. Au delà, en redescendant du Vignemale je croise Henri Russel fumant sa pipe devant son château. Quelques instants nous devisons sur l'Esprit de la Montagne.
En quelques bonds, je me retrouve en Ossau, aux pieds de "Jean Pierre", oû j'avais écrit ce poème:
Là, au dessus de Bious
Où se nichent les lacs d'Ayous
On se poursuivait en chantant
C'était au milieu du Printemps
Tu te laissais attraper
Pour encor mieux me capturer.
Ha ! La belle embuscade
Et ton rire comme une cascade...
Ô montagne !
Je tremperai ma chemise sur tes flancs
Pour aller chanter mon plaisir
À la pointe de tes seins levés!
Que de beaux souvenirs.
Au passage, je salue mon père, bien affairé à la construction du barrage du lac de Bious, avant qu'il ne parte vers ceux de Fabrèges et d'Artoustes.
Quelques volutes de brumes plus tard me voilà en train de flâner dans la forêt d'Iraty.
La brume se fait de plus en plus épaisse, le jour descend, il va me falloir quitter la forêt et redescendre, il faut encore allumer le poêle,
la rêverie continuera au coin du feu..."
Patrice Verneau, 3 mars 2017