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Dans les années 50, l'homme décida de la réintroduire... C'était le 15 mai 1948. Ce jour-là, le docteur Marcel Couturier de Grenoble, grand chasseur devant l'Eternel, mais aussi protecteur de la nature à ses heures, lâcha, en compagnie de Messieurs Sabatut et Knobel, 6 marmottes âgées d'un an dans le vallon du Barrada, au-dessus de Gèdre, au lieu-dit le cirque d'Ets-Litz. Ces animaux provenaient des Alpes, de la montagne de Vars dans le Queyras, où ils avaient été capturés en novembre 1947. C'est en chassant l'isard que Couturier avait repéré le site du lâcher. A l'inverse des réintroductions ultérieures, il tenta cette expérience par simple curiosité. Les jeunes rongeurs, remis en liberté sur la rive droite du torrent, sur le versant sud du Maucapera, se dispersèrent dans les jours qui suivirent dans un rayon d'une centaine de mètres autour du lieu du lâcher. Quelques sujets montèrent vers le nord, au pied des parois du Maucapera, alors que d'autres se dirigèrent vers l'ouest pour s'établir dans le couloir d'avalanche de Marraut. Quatre ans plus tard, Couturier réitéra l'opération. Deux marmottons de l'année, capturés le 10 août 1952 dans la haute vallée de la Bonne, près de Valjouffrey dans l'lsère (actuel parc des Écrins), furent relâchés le 25 du même mois au milieu de la colonie du cirque d'Ets-Litz, qui les accepta immédiatement. En 1954, on dénombrait 25 sujets dans cette vallée. L'expérience avait parfaitement réussi, et la marmotte allait bientôt partir à la conquête des Pyrénées. Ce premier lâcher ne fut pas sans suite. Couturier fut imité à l'autre bout de la chaîne, dans le massif du Carlit, par la Fédération départementale des chasseurs qui, en juillet 1951, réintroduisit 6 couples de marmottes capturées elles aussi dans les Alpes. Leur but n'était cependant pas le même que celui de Couturier : en lâchant ces marmottes, ils espéraient protéger l'isard et le lièvre de leurs prédateurs, en particulier de l'aigle. Dans les Alpes, en effet, le régime alimentaire de cet oiseau de proie est composé pour moitié de marmottes, en été tout au moins. Pourquoi n'en serait-il pas de même dans les Pyrénées si ce rongeur, plus facile à capturer que les jeunes isards, était à sa disposition ? Ce raisonnement se révéla, plus tard, exact. D'autres lâchers eurent lieu par la suite. Dans sa thèse de doctorat vétérinaire, Olivier Jean, qui a particulièrement bien étudié la réimplantation de la marmotte dans les Pyrénées, rapporte une réintroduction plus ou moins clandestine en haute vallée de Barbaugère, ainsi que d'autres, tout à fait officielles cette fois, en 1954 au Pont d'Espagne, au-dessus de Cauterets, puis en 1955, à nouveau dans le vallon du Barrada. Mais les dernières tentatives de réintroduction effectuées par les fédérations départementales de chasseurs se soldèrent par des échecs, les lieux des lâchers n'ayant vraisemblablement pas été suffisamment bien choisis : ce fut notamment le cas en 1959 pour les 15 animaux introduits dans la réserve du mont Valier, les 44 autres remis en liberté en 1965 près du pic de Bacanère, ainsi qu'en 1973 pour les 6 nouveaux sujets relâchés au pic du Burat. Toutes ces marmottes passèrent la frontière et établissent leurs quartiers, d'hiver comme d'été en Espagne... Pour sa part, le parc national des Pyrénées occidentales entreprit, dès sa création, de nombreux lâchers sur toute la zone mise en réserve (vallée d'Aspe, massif d'Ossau, val d'Arrens et cirque de Gavarnie). Ceux-ci furent poursuivis jusqu'en 1973, date à laquelle tout le domaine du parc fut peuplé. Le dernier lâcher fut effectué en 1988 au pied du Montaigut à partir de marmottes capturées dans le cirque de Troumouse. |
La plus grande partie de la chaîne est maintenant recolonisée A l'heure actuelle, la quasi-totalité de l'arc Pyrénéen est recolonisée, et la marmotte est devenue un animal familier des montagnards. Toutefois, plus on s'engage vers l'est, plus les colonies se font rares ; elles seraient encore absentes en Haute-Garonne, où les quelques lâchers effectués furent des échecs. De même, dans les Pyrénées-ariégeoises, les colonies sont peu fréquentées, sauf à la frontière avec les Pyrénées-orientales, atteinte par certains sujets originaires du massif du Carlit, abondamment peuplé depuis le lâcher de 1951. |
Déroulement d'une journée de marmotte Le soleil à peine levé, avec lenteur et circonspection elle met le nez à la fenêtre : elle observe, écoute, et ce n'est qu'une fois rassurée qu'elle prend son petit déjeuner, ne perdant guère de vue son trou, même si elle s'en éloigne d'une centaine de mètres. Si aucun incident ne vient la troubler, elle ne rentrera dans son terrier que vers onze heures. Sa quête de nourriture est cependant entrecoupée de périodes d'observation et de bains de soleil, en général sur une large dalle proche de son logis : attentive au moindre bruit ou au moindre mouvement, elle surveille son territoire, tandis que ses rejetons jouent ou creusent un peu plus loin. La forte chaleur de midi l'incite à se retirer dans l'ombre de son terrier d'où elle ne ressort guère avant 16 ou 17 heures, pour une seconde séance de "farniente". Comme celui du matin, le repas du soir peut durer plusieurs heures et ne se terminer que quelques instants avant la tombée de la nuit. Par temps de brouillard ou de pluie, cependant, ce rythme journalier binaire est perturbé : la pause de midi est abolie. La marmotte ne sortira pas de son trou avant 10 heures, et on ne la verra plus après 18 heures. Sa journée est alors partagée entre la prise de nourriture, la surveillance du territoire et de plus ou moins longues siestes au fond de son terrier... |